jeudi 6 octobre 2016

Comptes de fées-2-



- Pierre, reprochait souvent le père De Coulange, vous êtes trop généreux, on m’a même rapporté que vous soignez gratuitement, même la femme d’Arturo Gonzalès le communiste le plus virulent du pays, il faut vous faire respecter, sacrebleu ! Patiemment Deberre se justifiait arguant que dans sa profession, comme à la guerre, il n’y avait que des êtres souffrants.
- Que m’importe, père, leur couleur, leur religion, leurs idées politiques, ils sont tous égaux devant la maladie- - - 
- Pierre, ce sont vos idées, si je les déplore, je les respecte mais surtout n’allez pas les divulguer et jeter le trouble dans notre société harmonieuse…
C’étaient toujours des discussions entre hommes. Les sujets sérieux n’étaient pas du domaine des femmes qui avaient bien d’autres préoccupations. Adèle, comme sa mère lui avait appris, était une parfaite maîtresse de maison, faisait honneur à son époux par sa conduite parfaite et quand à son bras, elle arborait avec élégance et modestie les dernières créations de Poiret qui dévoilaient ses jolis mollets gainés de fin coton blanc. Elle aussi avait ses pauvres et se dévouait, sans abandonner ses gants de filoselle immaculés, auprès de Monsieur le curé pour venir en aide auprès des plus nécessiteux. 
Quand à sa vie  de couple…L’éducation sexuelle d’Adèle avait été parfaite pour l’époque. Elle ne connaissait ni son corps encore moins celui de son futur époux.  Madame de Coulange mère lui avait expliqué avec un minimum de mots et un maximum de gêne :
- Mon enfant il ne faut pas avoir peur de la nuit de noces puisque tu épouses un homme « bien ».
-Est-ce douloureux ?
- Oui, la première fois mais tu verras on s’habitue vite, sois docile avec ton époux et si le temps te parait long  dis toi que tu remplis ton devoir conjugal pour le plaisir de ton mari. Quoiqu’il en soit c’est comme cela que tu auras des enfants.
 Et voilà. C’est ainsi que Pierre, après qu’Adèle eut fait ses prières  sur le prie-Dieu en velours, la rejoignait, dans le lit conjugal. Enfouie dans des flots de dentelle elle l’attendait, souriante et inerte…Certes elle ne se plaignait jamais de migraine mais Pierre, pendant qu’il l’honorait, ne pouvait ignorer son regard absent tourné vers le crucifix mural et son doux corps insensible. Comme il aurait aimé qu’elle s’anime sous le plaisir qu’il était tellement désireux de lui donner ! Enfin, résigné, il savait qu’on ne peut tout avoir dans la vie, ce temps de paix tout neuf procurait d’autres satisfactions que Pierre, échappé de l’enfer de la guerre, savait goûter à leur juste valeur.
Maintenant les survivants prenaient leur plaisir avec une gourmandise qui se voulait oublieuse de ces quatre années dramatiques. Chaque jour la modeste station  thermale inventait des divertissements inédits : création d’un golf a dix huit trous, d’un stade sportif avec six courts de tennis, édification d’un kiosque à musique où se produisait l’Harmonie Municipale, ouverture d’un Casino avec ses mirifiques jeux d’argent, salles de cinéma en velours cramoisi, dancing élégant où officiait au bénéfice des esseulées, en tout bien tout honneur Tino le « danseur mondain »…Les propriétaires de la source thermale et de l’Établissement de soins prenaient conscience de l’importance de la publicité et draguaient la clientèle aisée des femmes souffrant des maladies spécifiques à leur sexe. Quelques célébrités y ayant recouvré la santé avaient aussi donné au luxueux hôtel du Parc où résidaient des vedettes de la scène et des sommités du monde politique un renom plus que national. Quelle résurrection !

3 commentaires:

  1. Por aquí sigue haciendo mucha calor.

    Besos.

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  2. je fais un copier coller et je vias le lire à tête reposer.
    j'y reviendrai
    tu me transmettre sur mon blog le lein de ton premier que j'ai pas fait gaffe quand il est passé
    bises

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  3. Pour l'instant rien de grave....C'est très bien écrit !

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